Tout a commencé il y a bien longtemps en dermatologie humaine avec l’eczéma, vaste fourre-tout dont on cherchait en vain la cause (infection, maladie nerveuse, parasites…). L’avènement des premiers travaux sur l’allergie et le génie de certains cliniciens ont été décisifs.
Le terme d’allergie aurait dû être utilisé, mais la mode l’avait déjà énormément galvaudé, dans les 1930. Le grand public voulait de l’allergique, so chic !
Après avoir défini l’hypersensibilité dans laquelle était englobées les réactions anaphylactiques et les rhinites et asthmes allergiques, Coca et Cooke proposèrent après avis d’un professeur de grec le terme d’atopie dans le sens "maladie bizarre" pour englober ces deux dernières entités. Anaphylaxie et atopie étaient donc deux manifestation d’hypersensibilité. A l’époque ils ne pensaient même qu’il pouvait y avoir des interactions antigène-anticorps dans l’atopie. En fait, la définition tenait en deux aspects bizarres de l’atopie :
- Le caractère héréditaire
- La réaction à des substances normalement bien tolérées
Cet adjectif a été accolé à dermatite un peu plus tard par Sulzberg et Wise dans un éditorial en 1933. Ils proposèrent de remplacer certains des termes usités à l’époque comme neurodermatite disséminée ou eczéma par dermatite atopique. Ce terme est aujourd’hui très largement admis, même si le mot eczéma semble mieux parler à tout un chacun.
Les premiers cas de dermatite atopique chez le chien ayant été décrits après les années 1930, il n’y a jamais eu de guerre sémantique. C’est dommage, la médecine humaine nous avait pourtant légué un joli parcours : eczéma arthritique, neurodermatite disséminée, prurigo diathésique, eczématose, prurigo de Besnier, eczéma constitutionnel, neurodermatite constitutionnelle, eczéma diathésique…
Ce petit mot d’histoire devrait nous faire réfléchir à l’origine même du terme d’atopie : prédisposition héréditaire à réagir à des stimuli normalement tolérés. Ne pas vouloir y mettre que de l’allergie (so chic) pourrait aider à mieux utiliser ce mot et ne pas se retrouver avec des néologismes ineptes comme dermatite atopiforme ou dermatite atopique-like