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Une Vieille Histoire

Charle Leblois, brillantissime père de la dermatologie vétérinaire écrivait il y a un siècle en parlant de l’eczéma du chien : « La flore microbienne cutanée n’attend qu’une occasion pour proliférer avec ardeur et s’exalter ». Il adorait le diagnostic et abhorrait la thérapeutique. Il a toutefois fait quelques tentatives étonnantes. Il décrit ainsi le premier cas d’allergie staphylococcique : « sur deux chiens atteints d’eczéma polymorphe et sur lesquels j’avais tenté des injections d’un vaccin staphylococcique du commerce, j’ai déclenché dans les douze heures qui ont suivi l’inoculation, une crise d’urticaire. »

Depuis cette époque, les connaissances ont évolué, mais le fond du problème reste le même : l’exaltation des staphylocoques et celle du système immunitaire.

Place dans le Microbiote

La participation de la flore ou du microbiote cutanés, mais aussi digestifs, au développement d’un état atopique et à la genèse des symptômes est aujourd’hui très largement démontré chez l’homme, comme chez le chien.

On observe chez le chien :

  • une plus grande richesse microbienne dans les zones velues (plis axillaire et inguinaux, nez)
  • chaque zone corporelle présente une population bactérienne caractéristique et, à quelques variations près, ces observations sont similaires entre différents individus.
  • chez les chiens atopiques on observe une diminution de la diversité microbienne
  • une abondance anormale de staphylocoques sur tous les sites de prélèvement lors de poussée de DAc.
  • l’abondance des staphylocoques est corrélée positivement à la baisse de diversité microbienne.
  • plus les lésions de dermatite atopique sont importantes et plus la population des staphylocoques est importante
  • La gravité des lésions cutanées est corrélée positivement avec l’importance de l’atteinte de la barrière cutanée et la baisse de diversité du microbiome.
  • un traitement efficace (anti-inflammatoire ou autre) est associé à une rediversification de la population bactérienne.

Rôle des infections staphylococciques

A l’image se S. aureus, S. pseudintermedius produit de nombreuses substances qui l’aident à coloniser la peau, pénétrer l’épiderme et activer, pour le pas dire fourvoyer la réponse immunitaire (tableau I).

Tableau I: Facteurs de virulences de S. pseudintermedius (Sp)

Cytotoxines

α- et β-hémolysines, leukotoxine Luk-I

Retrouvée constamment dans la souche de MRSP la plus commune (ST71), leur rôle en dermatologie est mal connu.

Superantigènes

Enterotoxines A, B, C, D et E, toxine du syndrome de choc toxique

Les entérotoxines A et B ont une activité de superantigène.

Toxines exfoliatives

SIET, EXI, ExpB

SIET peut provoquer un érythème, une exfoliation et des croutes, EXI and ExpB un décollement épidermique.

Protéines de paroi

Protéine A, facteur d’agglutination A, SpsD, SpsL, SpsO

Font partie des MSCRAMMs. SpsD et SpsL adhèrent au fibrinogène, à la fibronectine et à la cytokératine 10. SpsD et SpsO sont responsables de l’adhérence de Sp aux cornéocytes canins

Biofilm

La plupart des souches de S. pseudintermedius ont la capacité de former des biofilms

Principalement composés de polysaccharides, biofilms bind and protect communities of cells giving increased resistance to host defence mechanisms and antimicrobials agents.

Conséquence clinique : 70% des pyodermite sont dues à une dermatite atopique (lien) et parfois le seul traitement de l'infection bactérienne permet de contrôler une poussée de DAc (lien)

Stpahylocoques MRSP

A l’image de Staphylococcus aureus (staphylocoque doré) chez l’Homme, Staphylococcus pseudintermedius est le staphylocoque le plus souvent incriminé en dermatologie et en otologie chez le chien. Certains de ces staphylocoques sont parfois résistants à plusieurs antibiotiques. Ceux dits résistants à la méthicilline, les MRSP - pour methicillin resistant Staphylococcus pseudintermedius, donc SPRM en français - sont souvent résistants à la plupart des antibiotiques et ces résistances peuvent être transmises à d’autres staphylocoques et à d’autres bactéries. Ces germes posent d’importants problèmes thérapeutiques en médecine vétérinaire et même s’ils sont normalement peu dangereux pour l’homme, il est nécessaire de prendre certaines précautions pour éviter leur dissémination.

Retrouver les recommandations et derniers données sur nos posts récents sur le sujet : lien

Illsutration : Manu I ED-H I, ©Poulot éditions

Tag(s) : #staphylocoque, #dermatite atopique canine, #chien, #pyodermite
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