L’allergologie a connu historiquement des trajectoires différentes aux Etats-Unis et en Europe et même entre pays européens. De cette évolution historique sont nées des habitudes de diagnostic, de production d’allergène et de désensibilisation très différentes. Pour y voir plus clair, les voici résumées en un tableau :
E.-U | Europe | |
Choix ciblé lors de polysensibilisation | Non | Oui |
Extraits pour désensibilisation SC | Aqueux | Retard |
Extraits standardisés | rares, seul est imposé un contrôle de stérilité et d'innocuité | majoritaires, le pouvoir allergénique de l'extrait doit être justifié, mais techniques variables selon les producteurs |
Allergoïdes | Non | Oui |
Allergènes recombinantes | Non | Oui |
Pour faire simple, les américains utilisent des extraits de qualité non contrôlée, comme au début du siècle dernier, en ayant recours à des mélanges parfois importants au mépris des risques d’interférence. Bien qu’il existe une unité de standardisation commune à tous les producteurs américains, la grande majorité des extraits n'est pas standardisée et leur allergénicité est donc parfaitement inconnue et variable. En Europe, on utilise des extraits de qualité connue en évitant le plus possible les mélanges et avec des extraits adjuvés.
En médecine vétérinaire, ces écoles se retrouvent avec des américains travaillant exclusivement avec des extraits aqueux et des européens partagés entre une influence française et américaine. Dans la pratique, nous travaillons en France avec des extraits et des protocoles radicalement différents de ceux utilisés aux Etats-Unis et avec des habitudes très différentes (tarifs élevés et passage impératif par la clinique du spécialiste pour les injections aux Etats-Unis vs extraits allergéniques retard et tarifs modérés en Europe).
Par contre, les deux côtés de l’Atlantique se retrouvent sur la standardisation des extraits allergéniques pour chien, puis qu’il n’y en a pas ! Toutefois le problème est criant aujourd’hui en Europe, car dans une volonté d’harmoniser la standardisation des extraits allergéniques, un modèle basé sur la mesure de la concentration en allergènes majeurs a été adopté (CREATE puis BSP090). L’initiative est louable, mais les allergènes majeurs pour un chien ne sont pas toujours les mêmes que ceux e l’homme. Il est donc urgent de lancer la standardisation des extraits allergéniques pour le chien (le chat et le cheval), comme on le demande depuis un quart de siècle.
Heureusement les choses bougent et les extraits recombinants venus d’Asie ou d’Europe vont très probablement révolutionner et revigorer l’allergologie vétérinaire engluée dans des querelles stériles aux racines empiriques (et mercantiles).
Mahler, V., et al. (2019). "Understanding differences in allergen immunotherapy products and practices in North America and Europe." J Allergy Clin Immunol 143(3): 813-828.