Les micro-ARN (miARN) sont de petits ARN non-codants, mais pourvus d’un pouvoir de régulation de l’expression de l’ADN ou des ARN. Ce sont un des bras armés de l’épigénétique, c’est-à-dire l’expression des gènes indépendante… des gènes.
Ces micro-ARN sont assez bien connus en oncologie et sont utilisés notamment à des fins diagnostiques. Dans les maladies inflammatoires, ils sont au cœur des recherches récentes (NDLR : même si le microbiote semble obséder tout le monde de la recherche médicale). Dans ce domaine, ils donnent l’espoir de disposer de marqueurs pronostiques, voire diagnostiques, mais aussi d’outils thérapeutiques ciblés.
Une revue récente du journal de référence en immunoptahologie, le JACI, fait le point sur l’épigénétique des maladies dysimmunitaire. Hélas la DA est un des parents pauvres de ces recherches. Les pistes les plus prometteuses portent sur la méthylation de gènes codant pour le réponse immunitaire ou inflammatoire (TSLP, NRLP2, PITPNM2 et TSDR du gène FOXP3) chez les mères fumeuses, l’hypométhylation de gènes impliqués dans la synthèse d’IgE ou l’hyperméthylation de gènes codant pour l’IL4 et son récepteur (1).
L’étude des miARN dans la DA de l’homme a montré une augmentation des miR155
et miR146a tous deux impliqués dans la réponse immunitaire innée et acquise (2).
Une première étude des profils de miARN de chiens atopiques va paraître (chiens de laboratoire spontanément atopiques et sensibilisés à l’acarien Dermatophagoides farinae) (3). Elle montre elle aussi un assez faible nombre de miARN impliqués : 168, dont 18 communs avec la DA de l’homme. Par contre, les miR155 et miR146a, très significativement impliqués dans la DAH, ne le sont pas dans cette première étude canine.
On retrouve des miARN impliqués dans la régulation de la synthèse de molécules de la réponse immunitaire et inflammatoire cutanées (augmentation de miR215 réprimant l’activation des récepteurs IL-17, baisse de mi187 et baisse de synthèse de TGFß comme chez l’homme) et possiblement celles de la barrière cutanée (jonctions serrées, par augmentation des miR409s et baisse des miR200s).
Tout comme chez l’homme, il faudra faire plus d’études, à plus grande échelle et en comparant plusieurs maladies inflammatoires. En attendant, l’ère de l’épigénétique dans la DA canine est ouverte et il y a fort à parier que pet food et laboratoires pharmaceutiques vont s’y intéresser de prêt ou du moins de façon plus ciblée que ce qui était fait jusqu’à présent.
1. Mobus L, Weidinger S, Emmert H. Epigenetic factors involved in the pathophysiology of inflammatory skin diseases. J Allergy Clin Immunol. 2020;145(4):1049-60. 2. Sonkoly E, Wei T, Janson PC, Saaf A, Lundeberg L, Tengvall-Linder M, et al. MicroRNAs: novel regulators involved in the pathogenesis of psoriasis? PLoS One. 2007;2(7):e610. 3. Santoro D, Di Loria A, Mirante T, Oliveira DM, Laudanna C, Malanga D, et al. Identification of differentially expressed microRNAs in the skin of experimentally sensitized naturally affected atopic beagles by next-generation sequencing. Immunogenetics. 2020.