L’allergie au poisson est assez peu documentée chez le chien. Toutefois, une équipe japonaise vient de décrire à la fois un nombre important de cas d’allergie à la morue chez des chiens atopiques (27), mais a aussi partiellement identifié les allergènes responsables de cette allergie.
Le fait que ce travail ait été fait au Japon n’est pas surprenant. En effet, au Japon, plus de 75% des aliments industriels pour chiens sont à base de poisson, alors que c’est le cas de moins de 9% des aliments vendus en Australie ou aux Etats-Unis
Cliniquement, les animaux hypersensibles à la morue peuvent présenter des démangeaisons, des rougeurs, de l’urticaire, une conjonctivite ou de la diarrhée. Dans cette étude, tous les cas recensés présentent une atteinte cutanée. La rechute lors des tests de provocation est soit immédiate (qq heures) soit retardée (qq jours).
Chez l’homme, les allergènes principaux des poissons sont des panallergènes : parvalbumine, tropomyosine et collagène. On retrouve dans cette étude chez des chiens allergiques à la morue une sensibilisation à la parvalbumine et surtout au collagène des poissons de diverses espèces (morue, maquereau, sardine, saumon).
La tropomyosine est aussi un allergène majeur pour ces chiens, qui pourrait théoriquement être aussi responsable d’allergie à des crustacés, des insectes ou des acariens. Un des chiens allergique de cette étude (dont le sérum était en quantité suffisante pour des études poussées) présente une allergie aussi nette à la tropomyosine des acariens de la poussière qu’à celle de la morue. Où est l’œuf où est la poule ? Où est l’acarien où est la morue ? Etudier la sensibilisation à la tropomyosine semble aujourd’hui indispensable pour mieux élucider les cas de DA avec sensibilisation aux acariens domestiques et réponse à un régime d’éviction. Si des travaux confirment que la tropomyosine peut être un allergène majeur pour des chiens atopiques, l’avenir des aliments « hypoallergéniques » à base d’insectes est un peu compromis.
On notera que dans cette étude la sensibilité de la mesure d’IgE spécifique d’extrait de morue est faible (proche de 40%, vs 95% chez l’homme), probablement parce que d’autres mécanismes sont en cause dans la pathogénie des allergies alimentaires du chien. Ainsi, tous les chiens ayant présenté des réactions retardées lors de la provocation avaient des taux d’IgE spécifiques bas.
Encore une preuve, s’il en était besoin, de l’absence d’intérêt de ces examens en diagnostic de routine et de la nécessité du recours aux évictions/provocations
Imanishi, I., et al. (2020). "IgE reactivity to fish allergens in Pacific cod (Gadus macrocephalus) in atopic dogs." BMC Vet Res in press.