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La dermatite atopique est née avec Mitsi une chienne allergique à l’ambroisie dont les maitres eux aussi allergiques à ce pollen avaient identifié la concordance de leurs symptômes avec ceux de leur chienne (1, 2) (Photo).

Mitis, la première chienne allergique
Mitsi (Star Tribune Minneapolis 1939)


Depuis cette première description, nombre d’anthropomorphismes ponctuent l’évolution scientifique et culturelle autour de cette maladie. Récemment, la grande vogue de la théorie hygiéniste (que l’on essaie d’appliquer au chausse-pied à un carnivore coprophile et peu enclin au lavage des mains) a poussé des chercheurs à s’interroger sur l’existence d’un lien entre un environnement et des symptômes communs aux chiens et à leurs maitres, partant d’un possible lien entre vie en milieu urbain et dermatite atopique(3).
La chose n’est pas simple à mettre en évidence. Dans une étude finlandaise focalisée sur deux races (ce qui est indispensable) - Lapphund et Labrador - le suivi de couples homme/chiot (puis adulte) a consisté à inviter tous ces couples pour une joyeuse séance de prélèvement synchrone d’écouvillon sous les bras et d’étrons (pour les microbiotes cutané et intestinal) (4). Le diagnostic de DA reposait non pas sur un examen clinique mais sur un questionnaire validé dans d’autres études.
Comme prévu, certains des humains (10%) sont sensibilisés au chien alors qu’aucun chien ne présente d’IgE spécifiques des squames humaines. Curieusement la sensibilisation aux aéroallergènes est associée à des signes d’asthme, d’urticaire et de DA, mais pas de rhinite chez les humains. Alors qu’il existe une corrélation entre gravité des signes cliniques et taux d’IgE chez l’Homme on ne retrouve pas une telle association chez les chiens (sans surprise encore).
Environ 30% des humains présentent des symptômes d’allergie et seulement 20% des chiens. En suivant un modèle de régression logistique, les auteurs montrent une association entre mode de vie urbain et développement de signes de DA chez les chiens. Cette association est moins nette pour les humains.
Chiens et humains ont tendance à être sains ou « allergiques » ensemble. Les chiens atopiques ont plus souvent un propriétaire allergique qu’un propriétaire sain (NB : ceci est indépendant d’une éventuelle allergie au chien chez les humains).


Chez les Labradors de cette étude (et non les Lapphund) une mère atopique, une vie en milieu urbain sont des facteurs de risque significatifs. Les couples chien/humain allergiques vivent plus souvent en milieu urbain avec un mode de vie citadin.
Toutes ces données sont en faveur de la fameuse théorie hygiéniste qui veut que le mode de vie urbain, entraine un mode d’exposition microbien altérant la réponse immunitaire. Toutefois, dans cette étude, on ne retrouve aucun point commun entre les microbiotes des chiens et des humains atopiques.
Ces résultats sont en relatif désaccord avec l’enrichissement du microbiote provoqué par la vie avec un chien, qui est démontrée ici, qui a été démontrée dans d’autre études tant chez l’homme et que chez des souris que l’on a fait vivre en présence de poussière de maison où vit un chien. En effet, cet enrichissement a un pouvoir favorisant de la tolérance immunitaire. Pour les auteurs de l’étude, en fait, l’enrichissement du microbiote apporté par un chien dépend de l’environnement dans le quel il vit : enrichissement positif s’il vit à la campagne, négatif s’il a un mode de vie urbain…
On peut ainsi à loisir hypothéser, comparer, triturer des nuages de points, ces études sont peu ou pas significatives et souffrent de biais importants allant du nombre très faible de patients à des méthodes de diagnostic difficilement vérifiables.
La vie en milieu urbain n’est pas bonne pour la santé, ni la nôtre, ni celle de nos compagnons à quatre pattes. Peut-être qu’il n’était pas utile d’aller tâter du microbiote pour le savoir, mais peut-on encore faire une publication scientifique sur la DA sans un paragraphe "microbiote" ?…


1.    Prélaud P, Laparais A. What Can we Learn from Canine Atopic Dermatitis History? Curr Derm Rep. 2020:1-6.
2.    Wittich FW. Spontaneous allergy in the lower animal. J Allergy. 1941;62:236-42.
3.    Hakanen E, Lehtimaki J, Salmela E, Tiira K, Anturaniemi J, Hielm-Bjorkman A, et al. Urban environment predisposes dogs and their owners to allergic symptoms. Sci Rep. 2018;8(1):1585.
4.    Lehtimäki j, Sinkko H, Hielm‑Björkman A, Laatikainen T, Ruokolainen L, Lohi H. Simultaneous allergic traits in dogs and their owners are associated with living environment, lifestyle and microbial exposures. Sci Rep. 2020;10:21954.

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