Les virus phages ou bactériophages sont des virus capables de s’attaquer à une multitude de bactéries indépendamment de leur profil de résistance aux antibiotiques.
Leur utilisation est encore très limitée en médecine humaine et des petits animaux, mais de plus en plus répandue chez les animaux dits de rente (volaille, porcs, bovins) (1).
Bactériophage : comment ça marche
Ce sont des virus présents absolument partout (dans notre corps et dans tous les environnements extérieurs) qui mangent les bactéries de l’intérieur. Très spécifiques d’une espèce, voire d’une souche, de bactéries, leur innocuité est totale pour les êtres pluricellulaires.
Découverts en 1917 en Inde suite à l’observation de guérisons spontanée de choléra, ils ont été abandonnés après la découverte puis l’usage massif des antibiotiques. Toutefois, faute d’antibiotiques durant la guerre froide, certains pays du bloc soviétique, comme la Géorgie, ont continué de largement les utiliser.
Bactériophage et otites à Pseudomonas
Un des premiers domaines d’utilisation chez l’homme a été le traitement de brulures infectées par Pseudomonas aeruginosa. C’est justement chez un patient brulé et son chien qui souffrait d’une otite suppurée due au même germe qu’a été fait le premier traitement topique avec des bactériophages chez le chien (2) ; l’amélioration a été très spectaculaire. Quelques années plus tard une étude sur dix chiens a été publiée (3). Avec un cocktail de 6 bactériophages capables de détruire 90% des souches testées, le nombre de bactéries dans les oreilles avait diminué des deux tiers en 48h et l’amélioration clinique était de 30%. Plus récemment une étude japonaise utilisant deux phages (F S12-1 et F R18) a montré in vitro une activité sur la majorité des souches de Pseudomonas isolés chez le chien (4).
Bactériophages et staphylocoques multirésistants
Des recherches identiques sont en cours sur les staphylocoques multirésistants du chien (MRSP). Les phages isolés ont des capacités lytiques mais ils ne sont capables de tuer qu’un nombre limité de sousches (16 à 28% des souches résistantes ou non résitantes) (5).
Bactériophages : quel avenir chez le chien ?
Cette voie est promise à bel avenir au moins dans les traitements topiques (les traitements par voie IV posent des problèmes trop importants) (1) qu’il s’agisse de plaies infectées, d’otites ou d’intertrigo sévères suppurés. Ils permettraient de limiter le risque de développement de résistance et de traiter les infections à germes résistants toujours aussi nombreuses chez les chiens atopiques.
1. Loponte R, Pagnini U, Iovane G, Pisanelli G. Phage Therapy in Veterinary Medicine. Antibiotics. 2021;10:421-42.
2. Sivera Marzaa JA, Soothillb JS, Boydellc P, Collynsd TA. Multiplication of therapeutically administered bacteriophages in Pseudomonas aeruginosa infected patients. Burns. 2006;32(644-646).
3. Hawkins C, Harper D, Burch D, Anggard E, Soothill J. Topical treatment of Pseudomonas aeruginosa otitis of dogs with a bacteriophage mixture: A before/after clinical trial. Vet Microbiol. 2010.
4. Furusawa T, Iwano H, Higuchi H, Yokota H, Usui M, Iwasaki T, et al. Bacteriophage can lyse antibiotic-resistant Pseudomonas aeruginosa isolated from canine diseases. J Vet Med Sci. 2016;78(1035-1038).
5. Moodley A, Kotb W, Nälgård S, Jakociune D, Neve H, Hestbjerg Hansen L, et al. Isolation and characterization of bacteriophages active against methicillin-resistant Staphylococcus pseudintermedius
Author links open overlay panelArshneeMoodleyaWitoldKotbSofiaNälgårdaDziugintaJakociuneaHorstNevecLars HestbjergHansenbLucaGuardabassiaFinn K.Vogensend. Res Vet Sci. 2019;122:81-5.