Le succès des vaccins ARN a fait revisiter les approches de l’immunothérapie spécifique jusque là abandonnées, ouvrant de nouvelles perspectives prometteuses à la désensibilisation.
Deux revues récentes éclairent d’un jour nouveau l’avenir de ces traitements (1, 2).
La première recense les données sur le recours à des vaccins à base d’acides nucléiques ou de CpG (1).
Des vaccins ADN ont été utilisés pour faire exprimer des variants hypoallergéniques d’allergènes majeurs. Dans un modèle murin, des résultats préliminaires pour la tropomyosine ou un allergène majeur de moustique sont encourageants. Plus intéressant, des plasmides exprimant les gènes codant pour les allergènes des acariens de la poussière Derp2 et A20, administrés sont la forme de nanoparticules permettent de diminuer les signes cliniques de rhinite allergique dans un modèle expérimental murin.
Nous avions évoqué dans ces pages aussi le recours aux CpG en tant qu’adjuvant, voire en tant que seul élément d’une immunothérapie. Leur pouvoir tolérogène non spécifique est prometteur (action sur les TLR9), mais sans réponse spécifique, cette tolérance n’est que de courte durée. Les résultats cliniques ont été chez l’homme prometteurs en phase II puis décevant en phase II dans des indications de rhinite allergique à l’ambroisie. Une étude récente a montré que la pureté de l’allergène utilisé en co-immunisation est essentielle. Il doit être exempt de LPS, ces derniers stimulant les TLR4, ce qui annihile l’effet tolérogène induit par les TLR9.
Enfin, tout récemment, la piste des vaccins ARNm a été réexplorée suite au succès des vaccins Covid. Ils présentent le double avantage d’une meilleure efficacité et d’une plus grand innocuité que les vaccin ADN. Des études anciennes (2009 et 2015) dans des modèles murins avaient apporté des résultats probants avec des ARNm codant pour des allergènes majeurs comme Phl p 5 par exemple. C’est probablement une voie d’avenir tant pour l’homme que pour le chien. La maitrise technologique acquise aujourd’hui promet des développements majeurs.
Mais les apprentis sorciers ne s’arrêtent pas là; l’idée de produire des vaccins anti-cytokines fait aussi son chemin, comme cela a déjà été fait chez le chien avec des essais de vaccin anti-IL31 (3).
Le second article est une revue concise sur la désensibilisation et les avancées technologiques récentes (2). Elles concernent schématiquement 4 secteurs tous en cours d’étude chez le chien :
1. Allergènes modifiés : allergoïdes (4) et recombinants (5)
2. Adjuvants : CpG (6, 7)et mannan (4)
3. Véhicule : Virus like particles
4. Voie d’administration : intralymphatique (8-10), épicutanée, coadministration avec des anticorps monoclonaux.
Que des approches qui promettent des progrès spectaculaires si on arrive à :
- bien définir les allergènes majeurs et/ou produire des allergènes standardisés ;
- avoir des tests allergologiques fiables ;
- définir les phénotypes susceptibles de bénéficier de l’immunothérapie ;
- définir l’indication de ces approches : préventive ou thérapeutique…
L’immunothérapie entre dans une nouvelle ère, espérons que le monde vétérinaire en bénéficiera et ne restera pas englué dans ses pratiques empiriques du début du siècle précédent.
1. Jacquet A. Nucleic acid vaccines and CpG oligodeoxynucleotides for allergen immunotherapy. Current Opinion in Allergy and Clinical Immunology. 2021.
2. Mitsias DI, Xepapadaki P, Makris M, Papadopoulos NG. Immunotherapy in allergic diseases — improved understanding and innovation for enhanced effectiveness. Curr Opin Immunol. 2021;66:1-8.
3. Bachmann MF, Zeltins A, Kalnins G, Balke I, Fischer N, Rostaher A, et al. Vaccination against IL-31 for the treatment of atopic dermatitis in dogs. J Allergy Clin Immunol. 2018:in press.
4. Soria I, Alvarez J, Manzano AI, Lopez-Relano J, Cases B, Mas-Fontao A, et al. Mite allergoids coupled to nonoxidized mannan from Saccharomyces cerevisae efficiently target canine dendritic cells for novel allergy immunotherapy in veterinary medicine. Vet Immunol Immunopathol. 2017;190:65-72.
5. Fischer N, Tarpataki N, Leidi F, Rostaher A, Favrot C. An open study on the efficacy of a recombinant Der f 2 (Dermatophagoides farinae) immunotherapy in atopic dogs in Hungary and Switzerland. Vet Dermatol. 2018;29(4):337-e118.
6. Jassies-van der Lee A, Rutten V, Spiering R, van Kooten P, Willemse T, Broere F. The immunostimulatory effect of CpG oligodeoxynucleotides on peripheral blood mononuclear cells of healthy dogs and dogs with atopic dermatitis. Vet J. 2014;200:103-8.
7. Rostaher-Prélaud A, Fuchs S, Weber K, Winter G, Coester C, Mueller RS. In vitro effects of CpG oligodeoxynucleotides delivered by gelatin nanoparticles on canine peripheral blood mononuclear cells of atopic and healthy dogs - a pilot study. Vet Dermatol. 2013.
8. Fischer NM, Rostaher A, Favrot C. A comparative study of subcutaneous, intralymphatic and sublingual immunotherapy for the long-term control of dogs with nonseasonal atopic dermatitis. Vet Dermatol. 2020.
9. Timm K, Mueller RS, Nett-Mettler CS. Long-term effects of intralymphatic immunotherapy (ILIT) on canine atopic dermatitis. Vet Dermatol. 2018;29(2):123-e49.
10. Fischer N, Rostaher A, Favrot C. Intralymphatische Immuntherapie: eine sichere und effektive Methode zur Desensibilisierung der caninen atopischen Dermatitis. Schweiz Arch Tierheilkd. 2016;158(9):646-52.