La sensibilisation aux acariens de stockage est encore aujourd’hui difficile à interpréter. On ignore ainsi leurs allergènes majeurs pour le chien et si la fréquence des sensibilisations à Tyrophagus sp. a un lien direct avec celle à Dermatophagoides farinae (les deux étant généralement concomitantes). Une étude coréenne récente apporte quelques éléments de réponse.
Cette étude a été réalisée à partir de sérums humains riches en IgE spécifiques de Dermatophagoides farinae (Df) provenant de patients atteints de DA sans asthme et de chiens probablement atteints de DAC (pas de description des critères de sélection dans la publication) ayant eu aussi des taux élevés d’IgE spécifiques de Df ou sains et négatifs.
Seule une dizaine d’allergènes recombinants a été étudiée : Der f 1, Der, f 2, Der f 11, Der f 18, Tyr p 4, Tyr p 8, Tyr p 11 et Tyr p 28 pour des tests en ELISA. Il n’y a pas de standards pour déterminer le seuil de positivité des test ELISA. Les auteurs n’utilisent même pas 2X l’écart type du témoin négatif comme base, mais (tranquilles et totalement arbitrairement) considèrent une densité optique de 0,25 comme le seuil de positivité.
Chez les chiens atopiques les fréquences de sensibilisation suivantes ont ainsi été observées :
- Der f 2 : 94%
- Der f 18 : 85%
- Der f 1 : 73%
- Der f 11 : 42%
- Tyr p 4 : 46%
- Tyr p 11 : 46%
- Tyr p 8 : 4%
A la lecture de ces résultats, on note qu’il n’y a pas d’allergène majeur recombinant de Tyrophagus, même si Tyr p 4 et 11 se détachent , mais aussi que Der f 1 devient pour la première fois depuis un demi-siècle un allergène majeur pour le chien.
Ceci est confirmé par l’aspect des wetern blott (ubi infra) montrant une multitude de petites bandes pour Tyrophagus sp.
Alors que les taux d’IgE spécifiques chez les humains atopiques sont plus élevés que chez ceux des chiens*, ceux spécifiques de Der f 18 sont plus élevés chez le chiens atteints de DA, faisant de cette sensibilité une véritable caractéristique canine.
Les inhibitions croisées D. farinae/Tyrophagus avec les sérums de chiens montrent une inhibition de seulement 26% des IgE spécifiques de Df par les extraits de Tyrophagus, alors que les IgE spécifiques de Tyrophagus sont inhibées à 86% par un extrait de Dermatophagoides farinae.
Les auteurs concluent à une non-spécificité de la sensibilisation à Tyrophagus. Toutefois ces résultats sont en contradiction avec les études sur des lignées de chiens atopiques sensibilisés à Df chez lesquels des poussées de DA peuvent être provoquées par l’exposition à Tyrophagus. Les auteurs avancent de nombreuses explications techniques allant de la présence de lectines aux taux d’allergènes majeur des extraits mal adaptés au chien.
Ils insistent enfin et surtout sur la spécificité de la sensibilisation des chiens qui impliquent une standardisation différente des extraits à usage humain (mesure de la teneur en Dr f 18 a minima). Espérons que les producteurs d’allergènes entendront enfin un jour cette demande pour que l’allergologie vétérinaire sorte enfin de l’âge de pierre.
*en fait pas comparables, les réactifs et les seuils de positivité étant différents
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