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Profitons de cette journée mondiale de la dermatologie vétérinaire pour faire un peu de #onehealth

Parmi les sujets qui agitent le milieu de la dermatite atopique humaine, celui des comorbidités est particulièrement riche. Il a commencé lors de la période vitamine D, puis a surfé sur l’étude des troubles du comportements et est à nouveau en vogue avec des polémiques sur les maladies cardiovasculaires et la plus grande utilisation des biothérapies et leurs effets secondaires (conjonctivites).
Un article du Journal of Allergy and Clinical Immunology vient de faire le point de ce sujet. L’occasion pour nous de comparer ces comorbidités et de soulever quelques idées dans la droite ligne d’une démarche one health.

Comorbidités allergiques

On retrouve chez l’homme plus de comorbidités respiratoires que chez nos chiens, mais ils se retrouvent sur les comorbidités digestives. Elles doivent être recherchées systématiquement chez l’homme comme chez le chien, afin d’adopter un traitement qui visera les deux affections.

Comorbidités oculaires

Les comorbidités oculaires chez le chien ne sont pas évaluées en tant que tel, mais il existe de fréquentes associations race-dépendantes de conjonctivites, et de kératites sèches.
Chez l’homme aussi ces deux affections sont nettement associées à la DA (figure). D’autre part, la fréquence des effets secondaires oculaires associés à l’administration de dupilumab (32%) a permis d’alerter les praticiens sur la recherche de conjonctivite allergique ou de KCS chez les patients atteints de DA. Une initiative à suivre aussi chez le chien sans aucun doute.

Comorbidités psychiatriques

Il est difficile de faire un parallèle dans ce domaine, tant chez l’homme dépression et risque suicidaire sont associés à la DA, chez l’adulte comme chez l’enfant. C’est pourquoi les recommandations de prise en charge de la maladie intègrent désormais la nécessité d’apprécier le risque de dépression ou de suicide.
Chez le chien, les troubles du comportement sont aussi une comorbidité majeure, mais pas dans le même sens. Ils peuvent soit exacerber les comportements de grattage ou de léchage, soit être tels qu’ils nuisent à l’observance des traitements.

Comorbidités auto-immunes

Il existe chez l’Homme une nette association entre alopecia areata (AA) et DA, avec un risque accru d’un facteur 10 ! D’autres maladies auto-immune ou du moins dysimmunitaires sont plus fréquentes chez les patients souffrant de DA : MICI, urticaire chronique, vitiligo, polyarthrite rhumatoïde, lupus systémique.
Chez le chien, de telles données n’existent pas. Si les prédispositions raciales aux lupus ou vitiligo diffèrent de celles de la DAC, dans la pratique, urticaire récidivante, fistules anales et MICI sont fréquemment observées chez des animaux souffrant de DAC.

Comorbidités cardiovasculaires

Certaines études montrent un risque accru de maladies cardiovasculaires lors da DA. Il peut s'agir d’une pure comorbidité dans des populations à risque identiques.
Ces associations ne sont pas décrites chez le chien

Comorbidités infectieuses

Les altérations de la réponse immunitaire peuvent prédisposer au développement de maladies virales. Mais lors de DA cela est surtout observé pour les viroses cutanées, pas pour le covid par exemple.
L’importance de la colonisation staphylococciques lors de DA prédispose quant à elle à d’autres localisations de cette infection bactérienne :  urinaires ou respiratoires, encéphalite, endocardite.
Chez le chien, on retrouve quelques éléments de cette prédisposition, sans savoir s’il s’agit d’une comorbidité ou d’un effet secondaire des traitements, comme les otites moyennes ou les cystites.

Dermatites de contact

Chez l’Homme, la DA est associée à l’eczéma des mains. Chez le Chien aussi les dermatites de contact sont nettement associées à la DAC, posant même parfois de vrais problèmes de diagnostic différentiel.

Cancers

Les traitements anti-inflammatoires pourraient prédisposer au développement de certaines tumeurs. C’est le cas chez le chien avec les histiocytomes. Chez l’Homme, des défauts de barrière majeurs, comme lors de DA avec défaut de filaggrine, augmentent le risque de cancer cutané UV induit est plus élevé.

Morbidité et mortalité

Le coefficient de Charlson qui calcule le risque de décès dans l’année suivant une hospitalisation, est plus élevé au Danemark chez les patients fumeurs atteints de DA, aux Etats-Unis chez les enfants et adolescents atteints de DA. Chez nos chiens, de tels indices n’existent pas à notre connaissance et la gravité de tels score serait probablement plus liée à la brachycéphalie qu’à la DA !

Conclusion

Les comorbidités sont assez peu semblables entre les deux espèces et l’influence de la race chez le Chien est prépondérante. Il n’en demeure pas moins que chez l’Homme comme chez le Chien ces comorbidités guident de façon très radicale les choix thérapeutiques :
-    Éviter le dupilumab lors de conjonctivite chronique chez l’homme ou les inhibiteurs de janus-kinase lors de risque de maladie cardiovasculaire ;
-    Choisir la ciclosporine chez un chien présentant une furonculose stérile ou l’oclacitinib lors de vasculopathie ischémique des pavillons auriculaires ;
-    Régime à base d’hydrolysats lors de DA associée à une MICI ;
-    Privilégier une corticothérapie systémique à faible dose lors hyaluronose chez le shar peï, etc.

 

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