On aime faire des parallèles entre maladies humaines et animales, soit par anthopomorphisme, soit par intérêt scientifique.
La dermatite atopique (DA) canine occupe une place particulière dans ce domaine, tant les points communs avec la DA humaine sont importants : localisation des lésions,
pathogénie, anomalie de la barrière cutanée et de la réponse immunitaire, réponses thérapeutiques…
Certains auteurs enthousiastes voudraient aussi voir dans le chien un modèle de la théorie hygiéniste en se basant sur des études épidémiologiques aux portées très limitées. Il
est pourtant très difficile de comparer l’hygiène de vie des chiens à celle des humains, même s’ils ont des modes de vie en commun. Le chien est un coprophage notoire qui a le nez au ras du sol,
donc un animal nettement moins soucieux du microbisme qu’un humain juché sur ses jambe qui se lave constamment. D’autre part, les études épidémiologiques chez le chien sont très compliquées à
mettre en marche et l’interpération des observations est sujette à caution.
Prenons l’exemple d’une étude suisse sur les facteurs prédisposant au développement de la DAC chez les Labradors : les auteurs montrent que les chiens atteints de DAC ont un historique de
shampooings et bains plus riche que les chiens non atteints. Ils y voient un éléments en faveur de la théorie hygiéniste : les chiens trop lavés ne sont pas assez stimulés
par les microbes et développent des allergies. C’est tentant, mais on confond probablement ici l’œuf et la poule : les chiens atopiques ont des lésions cutanées et sentent parfois mauvais,
ils sont donc shampooinés plus souvent.
Une étude suédoise chez des chiens d’autres races prédisposées (boxer, bull terrier et West Highland white terrier) montre que l’alimentation de la mère avec des aliments
ménagers (en totalité ou partiellement) durant la lactation aurait un effet protecteur (odds ratio deux fois moins important). Toutefois, il peut exister des biais non pris en
compte : les propriétaires de chiens atopiques pourraient être plus motivés que ceux des chiens témoins pour participer à l’enquête, tout comme ceux préparant une alimentation ménagère. Si
ces biais existent, alors les données sont différentes et l’alimentation ménagère n’est plus un facteur favorisant.
La DAC ressemble beaucoup à la DA de l’homme mais il ne faut pas imaginer pouvoir tout extrapoler entre les deux espèces.
DOHOO, 'Bias - Is it a problem, and what should we do?', Preventive Veterinary Medecine, (2013). in press
MEURY, S., et al., 'Role of the environment in the development of canine atopic dermatitis in Labrador and golden retrievers', Vet Dermatol, 22/4 (2011), 327-34.
NODTVEDT, A., et al., 'A case-control study of risk factors for canine atopic dermatitis among boxer, bullterrier and West Highland white terrier dogs in Sweden', Vet Dermatol, 18/5 (2007),
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