Acides gras essentiels et oclacitinib : nouveau paradigme de traitement multimodal

Deux dogmes sont couramment admis dans le traitement au long cours de la dermatite atopique canine :

• Il est inutile de complémenter en acides gras essentiels une ration comportant des aliments déjà enrichis ;
• La demi-vie courte de l’oclacitinib rend sa prescription par espacement des prises peu intéressante.

Une étude à paraitre dans Veterinary Dermatology, vient quelque peu écorcher ces principes.

Cette étude de terrain, en double aveugle contre placebo, montre l’effet bénéfique de l’administration d’un complément en acides gras oméga 3/oméga 6 (rapport 9/1) chez des animaux recevant en continu de l’oclacitinib. Cela permet de réduire significativement les doses administrées et les scores de prurit au bout de 4 mois. Il n'existe toutefois pas d'influence sur les scores de qualité de vie ou lésionnels.

Au-delà de l’effet bénéfique des acides gras, ce travail montre une façon d’utiliser l’oclacitinib sur le long cours par espacement des prises et réduction des doses, avec adaptation continue à la réponse clinique (espacement si score diminue de 2 points sur 10, reprise du traitement plus dosé si le prurit augmente de 2 points) :

Même si le nombre de chiens n’est pas très important, les différences sont là, indéniables et, surtout, ce protocole est proche de la vraie vie. Les puristes crieront au loup parce que les animaux n’ont pas tous le même aliment, parce qu’il existe quelques comorbidités. C’est justement là la force de ce type d’étude, proche de la médecine réelle (real life medecine), s’affranchissant justement des limites d’interprétation de la médecine basée sur les preuves (evidence based medecine), qui, à force de vouloir contrôler tous les cofacteurs, est inadaptée à la pratique.

SCHAFER, L. & THOM, N. (2024) A placebo-controlled, double-blind study evaluating the effect of orally administered polyunsaturated fatty acids on the oclacitinib dose for atopic dogs. Vet Dermatol