Désensibilisation : mieux vaut durer

Les études sur la désensibilisation dans le traitement de la dermatite atopique canine sont assez peu nombreuses. La dernière en date nous vient d'Espagne et est, comme la plupart de celles faites sur un grand nombre d'animaux (ici 145), rétrospective ou ouverte (pas de comparaison à un placebo). Malgré tout, elle met en lumière plusieurs éléments :

• l'absence d’influence de la race, du sexe ou de l'âge;
• l'absence d’influence du type de sensibilisation (acariens seuls ou associés à des pollens);
• une très nette diminution de la consommation de médicaments (voire un arrêt) 87% les animaux poursuivant la désensibilisation au delà d'un an, versus 39% pour ceux qui ne font qu'un an de traitement, tous médicaments confondus (corticoïdes, oclacitinib, antibiotiques, antifongiques) : plus de 87 % !
• Un taux d'abandon précoce (25 % avant un an) assez marqué, mais nettement moins que dans les études américaines qui utilisent des extraits aqueux à des prix exorbitants;
• Parfaite innocuité.

Ces données montrent à quel point la motivation du propriétaire et sa persévérance sont essentiels pour obtenir un traitement efficace. Toutefois, les auteurs n'abordent pas le biais principal de leur conclusion. En effet, il concluent à une meilleure efficacité de la désensibilisation si elle est prolongée; toutefois, dans les faits, si elle ne parait pas efficace, les propriétaires abandonnent plus tôt. L'abandon précoce pourrait donc être la conséquence de l'inefficacité perçue, plutôt que la cause.

Il n'en demeure pas moins qu'encore une fois des données de suivi de désensibilisation montrent tout l'intérêt de cette approche thérapeutique lors de dermatite atopique canine, avec des baisses de consommation de traitements systémiques très spectaculaires.

Ramio-Luch, L., et al. (2020). "Allergen-specific immunotherapy in dogs with atopic dermatitis: is owner compliance the main success-limiting factor ?" Vet Rec in press.