Une Année de Dermatite Atopique

2014 a été une année charnière, mettant en évidence les nouvelles façons dont nous allons aborder cette maladie dans les années à venir et nous rappeler à quel point la plus grosse différence entre l’Homme et le Chien est que ce dernier est régulièrement infesté par des puces

Lancement avorté de l’oclacitinib

Un nouveau médicament, ciblant le médiateur du prurit - à savoir l’IL31 - a été commercialisé en début d’année. Le succès a été tel que les stocks ont été épuisés en deux semaines (aux Etats-Unis et en Europe). En France, seuls quelques spécialistes en dermatologie en ont en stock. Ce médicament permet de contrôler les démangeaisons des chiens allergiques en quelques heures, sans effets secondaires notables. C’est une véritable révolution, qui place la dermatologie vétérinaire en avance sur la dermatologie humaine. Nous en reparlerons lorsque ce médicament sera plus largement disponible courant 2015. En attendant, il a permis de sauver quelques patients gravement atteints et d’améliorer de façon spectaculaire la vie de nombreux chiens atopiques.

Une année à puces

La douceur exceptionnelle de l’automne et de l’hiver a permis d’entretenir une infestation à la fois massive et prolongée des chiens et des chats. Il s’agit probablement de la pire année d’infestation par les puces depuis un quart de siècle. Les chiens atopiques ont payé un lourd tribu, une infestation par des puces provoquant des poussées de dermatite atopique parfois grave, même chez le chien qui ne sont pas allergiques aux piqûres de puces.

Une nouvelle famille d’insecticides : les isoxasolines

Heureusement une nouvelle famille d’insecticide a vu le jour : les isoxasolines. Ces insecticides actifs sur les puces et les tiques s’administrent sous la forme de comprimés tous les 1 à 3 mois. Tout comme avec les autres insecticides per os que sont les spinosines et le nitempyram, il s’agit de solutions particulièrement intéressant pour des chiens atopiques dont la peau n’est pas idéale pour l’utilisation de pipettes.

La nouvelle tendance : le microbiote

Les techniques de métagénomique ont permis de montrer que la flore cutanée est beaucoup plus variée que ce que l’on imaginait jusqu’à présent en se basant sur les techniques culture bactérienne et fongique. Ce microenvironnement, appelé microbiote, varie peu dans le temps pour un même individu et a une activité de protection contre es germes pathogènes. Lors de dermatite atopique, il existe une dysbasie c’est-à-dire un déséquilibre et notamment un appauvrissement de cette population et une augmentation de la population de staphylocoques. Ces observations vous nous amener probablement à revoir les mesures de traitement antibactérien et de prévention

Les infections MRSP en plein boum

En clientèle référée les infections à germes résistants sont beaucoup plus fréquentes qu’en clientèle généraliste. Donc, même si ces résistances sont des préoccupations quotidiennes dans des consultations spécialisées, ce n’est pas encore un problème majeur pour la majorité des chiens atopiques. Il faut toutefois veiller au grain, par une prescription suivie et adaptée des antibiotiques.

Anus revalorisé

Les signes d’appels de la DAC les plus souvent identifiés sont les otites et le léchage des doigts. Une étude récente montre que la DAC est aussi une cause majeure d’anite. Le prurit anal est donc un signe d’appel majeur de ce syndrome

L’arrivée des génériques de la ciclosporine

Des génériques de la ciclosporine sont désormais disponibles, ce qui devrait diminuer le coût de traitement de 30 à 45 % et élargir ainsi les champs de prescription aux animaux déplut de 20 kg

Que sera 2015 ?

L’année prochaine, les traitements de fond par voie générale devraient être à l’honneur tout comme les initiatives d’éducation thérapeutiques. L’ICADA (www.icada.info) publiera une nouvelle mouture des recommandations thérapeutiques.

NB : en ces jours tristes nous avons emprunté l’illustration à Charb