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PEAU ET ŒIL : MANIFESTATIONS OPHTALMOLOGIQUES DES MALADIES CUTANEES

Signes ophtalmologiques associés aux gènes impliqués dans la dilution des couleurs

De nombreux gènes sont impliqués dans le déterminisme de la couleur du pelage et des yeux chez le chien et le chat. Ainsi certaines maladies oculaires sont plus souvent rencontrées dans des races données avec des robes particulières :

- Couleur merle chez des Colleys, Shetlands, Dogues Allemands, Bergers Australiens ou Teckels à poils longs: possibilité de cécité et microphtalmie (+ surdité)

- Persans à pelage pâle et à iris jaune-vert : possibilité de cataracte congénitale

Dermatoses avec Kérato-conjonctivite sèche (KCS)

La KCS se définit comme une sécheresse cornéenne et une inflammation des conjonctives due à un manque de larmes. Chez le Cavalier King Charles, une maladie génétique associe cette KCS avec une dermatose dite « ichtyosiforme », c'est-à-dire des poils ternes et souvent tordus (les anglo-saxons parlent de « Curly coat syndrome ») et de nombreuses pellicules.

Cette KCS peut également être rencontrée dans certaines allergies (alimentaire, allergènes de l’environnement), en particulier chez les Cavalier King Charles, Cocker Spaniel, Bouledogues Anglais, Lhassa Apso, Shih Tzu, et West Highland White Terrier.

Enfin, la KCS peut être induite par l’utilisation prolongée d’une classe d’antibiotiques appelés les sulfamides (Bactrim chez l’Homme), qui sont parfois utilisés dans l’espèce canine pour traiter les infections bactériennes cutanées (pyodermites). Une mesure de la production de larmes (test de Schirmer) doit alors être régulièrement réalisée.

Dermatoses avec atteinte des paupières

Les paupières possèdent un versant cutané (peau, poils, glandes) qui peut donc être le siège d’affections cutanées comme ailleurs sur le corps : maladies bactériennes, parasitaires, fongiques, ou tumorales. En particulier, la démodécie provoque classiquement des dépilations des paupières et des régions périoculaires donnant un aspect de « lunettes démodéciques ».

Un écoulement oculaire excessif (appelé épiphora et dû par exemple à une conjonctivite, des cils ectopiques ou une obstruction des canaux lacrymaux) peut s’accumuler dans les plis de la face et générer une surinfection (bactérienne ou fongique), tout particulièrement dans les races « à plis » comme les Bouledogues français et anglais, Mâtin de Naples, etc. Les lésions en résultant vont d’un simple érythème à des dépilations, des ulcérations, des croûtes et parfois un prurit important.

Lors d’herpesvirose féline, les signes ophtalmologiques classiquement décrits (conjonctivite, kératite, séquestre cornéen) peuvent dans de rares cas s’accompagner de lésions cutanées sous forme d’une dermatite faciale ulcérative généralement prurigineuse.

De nombreuses tumeurs cutanées peuvent siéger sur les paupières : mastocytome, mélanome, carcinome épidermoïde. En outre, une maladie préférentiellement observée chez le Bouvier Bernois (et dans une moindre mesure chez les Golden et Labrador Retrievers ou les Rottweilers) appelée histiocytose systémique dans sa forme non tumorale et sarcome histiocytaire dans sa forme cancéreuse peut s’exprimer par des lésions cutanées (nodules, plaques, ulcérations, potentiellement sur les paupières) et oculaires (infiltration des conjonctives et du versant muqueux des paupières, nodules sur la conjonctive, uvéite antérieure, glaucome, décollement de la rétine).

Certaines dermatoses à médiation immunitaire s’accompagnent de lésions des paupières : le pemphigus foliacé, le pemphigus vulgaire (versant cutanéo-muqueux), le lupus érythémateux systémique, le lupus cutané, la cellulite juvénile. Dans cette dernière maladie, outre une hypertrophie des nœuds lymphatiques et des lésions cutanées croûteuses particulièrement marquées sur la face, un gonflement des paupières est fréquemment observé.

Dermatoses avec atteinte oculaire interne

La maladie canine la plus connue associant troubles cutanés et oculaires est le syndrome uvéo-dermatologique, appelé aussi syndrome oculo-cutané ou VKH-like (VKH pour Vogt-Koyanagi-Harada). Cette maladie est principalement rencontrée chez l’Akita Inu et les races nordiques (Siberian Husky, Samoyède), mais aussi le Berger Australien, le Chow-Chow, le Teckel ou le Shetland. Les symptômes oculaires comprennent une décoloration de l’iris, une uvéite, une cécité, une cataracte, un glaucome ou un décollement de rétine, tandis que les signes cutanés sont dominés par une dépigmentation cutanée et pilaire, ainsi qu’une dermatite ulcéro-croûteuse péri-orificielle (lèvres, anus …).

Lors de leishmaniose une uvéite peut être associée aux signes cutanés (photo)

Enfin, l’utilisation d’ivermectine chez le chien (traitement reconnu de la démodécie) peut provoquer dans de rares cas une intoxication à expression ophtalmologique avec une cécité brutale … réversible (vision retrouvée à l’arrêt du médicament). Cette toxicité est plus importante chez les individus porteurs d’une mutation génétique sur le gène MDR1 (gène de sensibilité médicamenteuse), plus fréquemment rencontrée dans certaines races (Colley, Berger Australien, Shetland …).

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