Les inhibiteurs de Janus kinases (ex: oclacitinib) n’agiraient pas seulement en bloquant l’activation des récepteurs de l’IL31, mais aussi en bloquant ceux d’autres cytokines. Ceci est bien connu, puisque ces kinases sont présentes sur les récepteurs des interleukines 2, 4, 5, 10, 13 et la plupart des interférons. Les récepteurs IL4 (et IL2) sont eux dépendant de deux kinases les JAK1 et JAK3. C’est la raison pour laquelle les inhibiteurs JAK1 comme l’ocacitinib ou JAK1-3 comme le tofacitinib ont une activité immunomodulatrice.
L’activité antiprurigineuse de ces médicaments quant à elle ne semblait s’exercer que par le blocage des récepteurs IL31. Or, deux études tendent à montrer qu’il existe d’autres cibles :

- le récepteur IL4 au niveau de la corne dorsale, JAK-dépendant (1)
- le TRPV1 (récepteur de type vanolloïdes, plutôt nociceptifs et répondant à capasïcine), indépendant des JAK (2)
Si ce dernier est peut être peu important, tant l’histamine et cowhage sont des médiateurs très faibles du prurit chez le chien (3), le premier pourrait faire de ces médicaments des produits intéressants pour le traitement du prurit chronique, l’IL4 provoquant, au moins chez l’homme et la souris, une sensibilisation des fibres nerveuses aux stimuli prurigènes.
Nous sommes loin avec ces médicaments de la simple image d’un interrupteur à prurit à mécanisme unique. Cela les rend d’autant plus intéressants et montre à quel point un usage de cette nouvelle classe de médicaments doit être raisonné et suivi.
1. Oetjen LK, Mack MR, Feng J, Whelan TM, Niu H, Guo CJ, et al. Sensory Neurons Co-opt Classical Immune Signaling Pathways to Mediate Chronic Itch. Cell. 2017;171(1):217-28 e13. 2. Fukuyama T, Ganchingco JR, Mishra SK, Olivry T, Rzagalinski I, Volmer DA, et al. Janus-kinase inhibitors display broad anti-itch properties - a possible link via the TRPV1 receptor. J Allergy Clin Immunol. 2017. 3. Prélaud. Dermatite atopique canine. Paris: Masson-Elsevier; 2017. 184 p.