Thératypes : s'inspirer de l'Homme ?

La notion de thératype est toute nouvelle en allergologie. Pour faire simple, elle consiste à définir des marqueurs biologiques permettant d’anticiper une réponse thérapeutique, plus particulièrement dans le cadre de l’immunothérapie spécifique ou désensibilisation.
Un article récent publié dans le JACI fait le point sur les thératypes de la désensibilisation et des biothérapies chez l’homme, englobant allergie alimentaire, rhinites allergiques, asthme allergique et dermatite atopique (1).
Dans le cadre de la désensibilisation, domaine qui nous intéresse le plus au quotidien, divers marqueurs existent. Certains sont mesurables avant la mise en place du traitement, d’autres après quelques mois de traitement, d’autres après plusieurs années ce qui en limite grandement l’intérêt.
Périostinémie et éosinophilie sont deux marqueurs assez simples et efficaces (cf figure extraite de l’article).

La réduction de la réponse des basophiles (tests de stimulation in vitro) en cours de traitement, dès les premières semaines est un bon marqueur de réussite d’une désensibilisation (dans le cadre de rhinites allergiques). Ces tests ont l’air inaccessibles à la médecine vétérinaire, mais ce n’est qu’une question de volonté des laboratoires se vantant de faire de l’allergologie. Pourquoi ne pas remettre ces techniques qui étaient à notre portée dans les années 1990 (2, 3). L’évolution des techniques permettrait de démocratiser ces tests cellulaires et en faire des outils de diagnostic et de suivi de désensibilisation.
Les autres approches de définition de biotype (transcriptome cutané ou circulant, métabolomiques…) ne sont pas à la portée du monde vétérinaire aujourd’hui dans le cadre d’un usage de routine.
On notera dans cet article la place donnée aux projets d’immunothérapie préventive, là encore peu imaginables chez le chien. Le principe chez l’homme serait d’avoir des traitements qui permettent d’abord d’être interrompus assez tôt (1 à 3 ans), mais surtout éviter l’évolution d’une marche atopique comme le passage d’une rhinite à un asthme ou le développement de nouvelles sensibilisations. Pour l’heure aucun essai clinique ne s’est avéré concluant, mais il existe de nouvelles pistes, avec notamment le recours à des épitopes T non immunogéniques dans la prévention des allergies aux Graminées ou au pollen de bouleau. Toutes ces avancées ne concernent pas la DA. Dans ce domaine, les études portent sur l’effet au long cours de la ciclosporine ou du dupilumab. Ils permettent l’évolution du transcriptome vers une réponse moins Th2, mais sans jamais revenir à un profil de patient sain.

Chez le chien les études, pour des raisons commerciales, se portent essentiellement vers la définition de profils de sensibilisation pour peut-être un jour définir les meilleurs candidats à une désensibilisation (et d’ici là faire prospérer les laboratoires proposant des tests allergologiques in vitro). Il est peu probable qu’éthiquement on puisse un jour proposer des désensibilisations préventives à moins d’avoir des tests précoces très robustes.
D’ici là, nous pourrions nous pencher sur les phénotypes cliniques et des marqueurs simples, comme l’éosinophilie ou la périostinémie (4, 5).
Si vous êtes intéressés on en reparle : prelaud@advetia.fr

Ref

1.    Agache I, Zemelka-Wiacek M, Shamji MH, et al. Immunotherapy: State-of-the-art review of therapies and theratypes. J Allergy Clin Immunol 2022; 150: 1279-1288. 20221031. DOI: 10.1016/j.jaci.2022.10.007.
2.    Prélaud P. Basophil degranulation assay in the diagnosis of allergic disease. ProcAAVA meeting, San Francisco. 1990.
3.    Prélaud P and Olivry T. In vitro bimodal activation of basophil granulocytes in dogs with atopic dermatitis. Rev Méd Vét 1998; 149: 1121-1124.
4.    Mineshige T, Kamiie J, Sugahara G, et al. A study on periostin involvement in the pathophysiology of canine atopic skin. J Vet Med Sci 2017; 80: 103-111. DOI: 10.1292/jvms.17-0453.
5.    Mineshige T, Kamiie J, Sugahara G, et al. Expression of Periostin in Normal, Atopic, and Nonatopic Chronically Inflamed Canine Skin. Vet Pathol 2015. DOI: 10.1177/0300985815574007.