Il existe une multitude de petites études sur les vertus de compléments alimentaires en tous genres (plantes, vitamines, oligoéléments…), avec leur cortège de conclusions prometteuses et vendeuses, sans que l’on sache réellement si cela aura un intérêt clinique. En voici un exemple typique.
Cette étude faite sur 12 beagles de laboratoire a comparé en double aveugle l’effet sur 3 mois d’un régime alimentaire contenant 5 % d’hydrolysat de crevettes (par rapport à un régime sans).
On observe, sur le plan biologique, dans le groupe recevant des hydrolysats (n=6) une diminution significative mais dans les limites des valeurs usuelles de la glycémie et des éosinophiles. Chez ces mêmes animaux, les lymphocytes T CD4+ sont plus réactifs à des stimuli non spécifiques et il existe une augmentation de la production de TNF-α.
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Au niveau du microbiote intestinal, on observe une augmentation de la diversité bactérienne dite favorable (Oscillospiracées et Clostridies) et une diminution de Sellimonas, une bactérie associée à certaines inflammations intestinales.
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Et les auteurs de conclure bien sûr que l’ajout de 5 % d’hydrolysat de crevettes dans l’alimentation de chiens beagles sains modifie positivement l’immunité et le microbiote intestinal, sans effet indésirable. Ceci permet d’envisager de les utiliser dans des aliments hypoallergéniques, des régimes pour chiens diabétiques (cf baisse de la glycémie) ou comme soutien à la santé intestinale.
Mais soyons clairs, cette étude présente de (très) nombreuses limites :
- Taille de l’échantillon très réduite, animaux d’une seule race et sains, ce qui limite les extrapolations à une population plus proche du réel, d'état physiologique varié ou malade
- Durée d’expérimentation relativement courte qui ne permet pas d’évaluer les impacts potentiels, notamment en ce qui concerne la modulation durable du microbiote et l’immunité adaptative.
- Absence de groupe témoin avec différentes doses. L’absence de comparaison avec d’autres niveaux d’incorporation empêche d’identifier une éventuelle relation dose-réponse ou une dose optimale.
- Sensibilité limitée de certains marqueurs biologiques
- Plusieurs cytokines d’intérêt (IFN-γ, IL-6, TNF-α, IL-10) n’ont pas pu être quantifiées (concentrations inférieures aux seuils de détection), ce qui limite l’interprétation complète des effets immunitaires.
- Analyse fonctionnelle du microbiote absente. Si l’étude met en évidence des modifications dans la composition taxonomique du microbiote, aucune analyse fonctionnelle (production de métabolites, activité enzymatique, etc.) n’a été réalisée pour en évaluer les conséquences physiologiques concrètes.
- Effets cliniques non explorés.
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