Et pourquoi pas une église sans dieu ou une raclette sans fromage ? L’idée paraît folle, tant le dogme qui préside à la désensibilisation est une immunothérapie spécifique d’un allergène. Remettre en cause ce dogme, est troublant et surtout dangereux pour toute une économie qui vit du commerce des tests allergologiques et de la désensibilisation.
Et pourtant la question se pose de plus en plus avec l’avènement de nouveau adjuvants qui semblent à eux seuls aussi efficaces que lorsqu’ils sont administrés avec un allergène : les CpG et les VLP (virus-like proteins).
Les premières par leur action intracellulaire sur les TLR9 favorisent une réaction de type Th1 au détriment des Th2, les seconds sont des vecteurs de matériel antigéniques ou génétique qui offrent la possibilité d’une présentation efficace aux cellules présentatrices d’antigènes
Dans des études comparant ces deux types molécules associées avec ou sans allergène, les résultats sont similaires lors de rhinite allergique non saisonnière chez l’homme. Ces résultats préliminaires sont assez troublants. Plusieurs hypothèses de mécanisme d’action sont avancés :
- Induction d’une réponse Th1 par les CpG (via TLR9)
- Augmentation de l’activité enzymatique de l’IDO (indoléamine 2,3 dioxygénase) dans les cellules présentatrices d’antigènes, orientant vers une immunosuppression (mécanisme mis en avant la théorie hygiéniste).
- Activation des ligands ICOS sur les cellules dendritiques, acteurs essentiels de la réponse T régulatrice
- Lors d’allergie aux acariens de la poussière, la présence continue des allergènes dans l’environnement en font des allergènes thérapeutiques par les voies naturelles lors de l’administration de CpG.
La promesse d’une désensibilisation panallergénique ou plus exactement sans allergène est fascinante, parce qu’elle permettrait de bénéficier de traitements d’une parfaite innocuité (pas de risque de réaction allergique, ce qui est important en médecine humaine) et de se passer de la lourdeur des préparations spécifique pour un individu.
Attention toutefois, ces résultats préliminaires prometteurs ne remettent pas en cause aujourd’hui l’immunothérapie spécifique qui a fait la preuve sur de bien plus nombreuses études de son efficacité.
A suivre…
- Kundig, T. M., et al. (2015). "Is The Allergen Really Needed in Allergy Immunotherapy?" Curr Treat Options Allergy 2(1): 72-82.
- Klimek, L., et al. (2014). "Immunotherapy of type-1 allergies with virus-like particles and CpG-motifs." Expert Rev Clin Immunol 10(8): 1059-1067.
- Jassies-van der Lee, A., et al. (2014). "The immunostimulatory effect of CpG oligodeoxynucleotides on peripheral blood mononuclear cells of healthy dogs and dogs with atopic dermatitis." Vet J 200: 103-108.
- Jurk, M. and J. Vollmer (2007). "Therapeutic applications of synthetic CpG oligodeoxynucleotides as TLR9 agonists for immune modulation." BioDrugs 21(6): 387-401.