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A l'heure où la désensibilisation se refait une jeunesse sous l'impulsion de laboratoires rêvant de traiter 10% des chiens de la création ou de doctorants en mal de publication, revenons à un basique totalement passé sous silence dans le monde vétérinaire : la qualité des extraits allergéniques.

Alors que chez l'homme, dans les années 1980, la standardisation des extraits allergéniques a marqué un tournant dans l'efficacité du diagnostic et du traitement, quarante ans plus tard, aucun laboratoire vétérinaire n'a aujourd'hui fait l'effort de proposer des extraits de même type pour nos animaux.

Comme nous le soulignions en 2016, aujourd'hui encore, les extraits allergéniques à usage vétérinaire ne sont pas standardisés (concentrations exprimées en poids/volume). Cela veut dire que la teneur en allergènes majeurs (puissants) peut être très variable d'un extrait à un autre.

En effet, nous utilisons en routine depuis bientôt 80 ans des extraits allergéniques fabriqués pour l’Homme sur lesquels on colle royalement une étiquette "usage vétérinaire". Les contrôles de qualité sont faits en tenant compte de spécificité de l’allergologie humaine et non canine. Or les allergènes reconnus par les chiens sur les acariens sont différents de ceux de l’Homme et d’un poids moléculaire nettement plus important. Les extraits standardisés pour l’Homme sur la mesure de la concentration en allergènes de faible poids moléculaire (PM) n’est donc pas un gage de qualité pour le chien.

La promesse des allergènes recombinants de Der f 2 ou Der f 15 ne s’est pas concrétisée et ces extraits n’existent toujours pas en Europe.

Petite note optimiste, une firme espagnole a eu l’idée de concentrer des extraits bruts de Dermatophagoides farinae en utilisant des filtres permettant d’extraire les allergènes de faible poids moléculaire (< 50 kD). Ils ont ainsi obtenu des extraits contenant des concentrations en Der f 15 et Der f 18 deux fois supérieures aux préparations courantes. Ces extraits sont plus actifs in vitro tant dans des modèles d’inhibition de fixation d’IgE que de stimulation de production par les cellules mononucléées d’IL10 et d’IFNgamma. Une initiative prometteuse qui pourrait booster l’efficacité de la désensibilisation aux acariens. A suivre…

Pour l’heure nous devons nous contenter d'extraits non standardisés. Tant que la désensibilisation shuntera le passage par l'AMM, les demandes d'amélioration de la qualité des extraits allergéniques demeureront probablement lettre morte.

Moya, R., et al. (2020). "Specific Dermatophagoides farinae extract for canine immunotherapy." Vet Dermatol.

Illsutration : Manu I ED-H I, ©Poulot éditions

Tag(s) : #désensibilisation, #extrait allergénique, #chien, #immunothérapie
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